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La démocratie est et demeure le régime politique qui garantit le mieux les libertés. Elle a maintenant fait ses preuves tout au long de notre histoire moderne et a permis d’offrir au plus grand nombre les garanties d’une vie individuelle autonome et d’une poursuite de buts choisis hors de situations de contraintes écrasantes et violentes qu’imposent peu ou prou et tôt ou tard à peu près toutes les autres formes de régime. En celà la démocratie est LE modèle de régime politique indépassable parce qu’associant et allant comme l’aurait dit Jaurès du réel vers l’idéal (ce qui la disitingue en l’occurrence des régimes cyniques tout autant que des utopies).

Mais la démocratie est un régime d’une part complexe et varié, qui a une histoire mouvementée et qui demande à être précisée. Par ailleurs les régimes démocratiques (qui ne sont pas tous des Républiques) peuvent varier assez considérablement selon les pays et les époques de telle sorte qu’on risque de ne plus être sûr de savoir précisément de quoi l’on traite en prononçant le mot démocratie (selon qu’il s’agit par exemple de la démocratie athénienne du Ve ou IVe siècle av. JC, de la démocratie naissante en Angleterre au XVIIIe ou de la démocratie américaine contemporaine… ).

Mais encore plus important, la démocratie est en évolution perpétuelle, et depuis la fin du XXe siècle, certainement sous les multiples coups de boutoir portés par les abus de régimes totalitaires d’une violence inouïe dans l’histoire humaine, elle a comme éprouvé un urgent besoin de se renforcer en se perfectionnant, de s’approfondir, de se redéployer plus largement en s’efforçant de ne laisser personne de côté. Car si c’était bien son principe fondateur que de n’exclure personne des droits et de la vie de la cité, c’était aussi un fait constant que des franges de population parfois importantes pour ne pas dire massives, soit par manque d’instruction, soit par manque d’intérêt, soit les deux, désaffectaient totalement la vie démocratique, ne portant plus leur regard sur la vie et l’action politique, et désertant les urnes.

Jusqu’à présent le paradigme de la démocratie, c’était la représentation. Que les peuples puissent se choisir des représentants, telle était l’essence de la démocratie. La plupart des pays avaient ainsi organisé leurs institutions et leurs administrations en vertu de ce principe de représentativité. Or nous savons maintenant que depuis plusieurs décennies, du fait d’une érosion et parfois d’un dévoiement des pratiques démocratiques traditionnelles qui n’ont pas été à même dans leur fonctionnement de prendre en compte et en charge tous les ciyoyens en fonction des nouveaux probèmes économiques, sociaux, idéologiques que ceux-ci rencontraient, une nouvelle forme de démocratie est apparue et s’est déclinée notamment dans les pays anglo-saxons à travers des pratiques multiples telles que les ateliers et conférences citoyennes, les jurys populaires, les cafés participatifs etc. Cette pratique visait à mettre les citoyens en prise beaucoup plus directe et rapide avec les problèmes et délibérations d’ordre civique, professionnel, associatifs éducatifs voire de les mettre en contact beaucoup plus rapproché avec les acteurs, les débats et les décisions politiques.

Bref la démocratie participative était née pour compléter et corriger les effets pervers d’une démocratie représentative à bout de souffle, trop engluée dans les règlementations et pratiques institutionnelles absconses et laborieuses et parfois même dévoyée pour ne pas dire corrompue par des intérêts d’ego ou des conflits d’intérêts que la représentativité permettait parfois de satisfaire aux prétendants les moins scrupuleux.

Disons le en un mot: la démocratie participative est née de la mauvaise ou de la sous représentativité du peuple au sein des principales institutions. N’oublions pas en effet qu’on peut comme mesurer le degré d’un démocratie en considérant notamment qui en est exclu. Elle est née en effet parce que des foules ou  « multitudes » n’ont pas toujours réussi à trouver auprès de leurs conseillers municipaux, de leurs conseillers régionaux et généraux, de leurs maires, de leurs sénateurs et députés etc. les interlocuteurs que les multiples évolutions sociales, économiques, technologiques du monde moderne les mettaient en droit d’attendre et d’espérer. La démocratie participative est née d’une déception, mais en même temps elle est venue conforter la démocratie dans son ensemble, considérant que c’était la bonne voie qu’il fallait suivre mais en empruntnat des moyens d’actions coplémentaires et innovants. C’est pourquoi aujourd’hui la plupart des courants ou personnes politiques qui recourent à l’idée de démocratie participative le font en l’adjoignant à la démocratie globale, à « la démocratie jusqu’au bout » comme le dit Ségolène Royal. Cette forme de démocratie ou plutôt ces « pratiques » démocratiques sont conçues pour renforcer, accompagner et booster les formes plus traditionnelles de démocraties (démocratie intitutionnelle ou représentative portée par nos principaux représentants, nos élus; démocratie sociale soutenue notamment par les associations humanitaires et de droits de l’homme, par les syndicats…).

Le présent blog entend faire le point sur la démocratie participative dans son ensemble, tant du point de vue de son histoire, que de ses pratiques les plus concrètes. Au delà de notre but d’informer de plus près tous ceux – étudiants, chercheurs, politiques – qui voudront l’étudier et l’approfondir, notre espérance est aussi et surtout que la démocratie participative bien entendue et mieux comprise trouve le plus rapidement possible ses applications efficaces et concrètes dans la vie quotidienne de toutes celles et de tous ceux qui font, qui SONT le peuple, cette part essentielle de la Polis qui trop souvent encore finit par être laissé pour compte…

GILLES BEHNAM

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