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Archive for décembre 2009

N’est-il pas surprenant qu’à l’occasion des différents sommets qui se tiennent par le monde, consacrés aux problèmes du développement et de l’environnement, de si nombreuses manifestations d’une part aient lieu régulièrement qui dénoncent les pratiques des principaux États en ces domaines, mais d’autre part qu’elle donnent lieu des opérations répressives systématiques et à des interpellations policières chroniques?

Pourtant s’il y a un haut lieu actuel où la démocratie se trouve structurellement impliquée, n’est-ce pas celui de ces sommets où l’on discute entre experts et responsables politiques au plus haut niveau, mais aussi où se convient et s’invitent les peuples pour prendre directement la parole et occuper le terrain afin de faire entendre leurs voix sur les questions écologiques.

Seulement voilà, a l’occasion de ces sommets où l’on devrait entendre d’abord et surtout ce que pensent et veulent les populations elles-mêmes qui vivent au cœur du volcan du développement et de l’environnement, c’est tout le contraire qui a lieu: comme dit Jacques Rancière, la police remplace la politique:  » Partons d’une donnée empirique: l’intervention policière dans l’espace public ne consiste pas d’abord à interpeller les manifestants mais à disperser les
Manifestations. La police n’est pas la loi qui interpelle l’individu ( le « hé vous là- bas » d’Althusser), sauf à la confondre avec la sujetion religieuse. Elle est d’abord le rappel à l’évidence de ce qu’il y a, ou plutôt qu’il n’y- a pas. « Circulez y- a rien à voir ». La police dit qu’il n’y a rien a voir sur une chaussée, rien à faire qu’à y circuler, que l’espace de la circulation n’est que l’espace de circulation. La politique consiste à transformer cet espace de circulation en espace de manifestation d’un sujet: le peuple, les travailleurs, les citoyens. Elle consiste à refigurer l’espace, ce qu’il y a à y faire, à y voir à y nommer. Elle est le litige institué sur le partage du sensible, sur ce nemein qui fonde tout nomos communautaire » 5Les bords du Politique). Rancière écrit bien « partage du sensible », et comme il a raison! Quoi de mieux en guise de partage du sensible que l’air, l’eau, les fruits de la terre etc. S’il est au 20ème siècle un lieu du

politique par excellence c’est donc bien celui qui appelle le mieux ce partage du sensible et qui se trouve être celui des ressources et des conditions de la survie de notre espèce sur terre. Et il faut rétablir le sens des termes: si ces questions sont à l’ordre du jour, ce n’est certainement pas parce que les écologistes s’en sont occupés et portées au devant de la scène politique, mais plutôt parce que ces problèmes sont venus d’eux mêmes (dans les faits non dans des arguments ou des slogans) occuper tout l’espace du partage du sensible et ont de ce fait politisé la scène écologique.
Si lors du présent sommet de Copenhague et au moment même ou les pricipaux chefs d’États sont attendus, on observe que la politique reprend ses droits en ne circulant pas mais en faisant « litige » ce qui ne manque pas s’entraîner ipso facto une débauche de réactions policières qui plus est disproportionnée par rapport aux prises de positions et de paroles des manifestants. Ceux ci en plus d’être dispersés sont arrétés dans des conditions paradoxales ou le mitigé semble basculer du côté de la moi et de l’état policier!

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